2015
Broderie sur drap ancien et galon, 32,5 x 39 cm
Valverde, Anatomia del corpo humano, 1560
« La “révolution vésalienne” des années 1540 conduit à la revalorisation de l’anatomie comme pratique et remet le corps au centre du dispositif de connaissance, dans un va-et-vient entre chair et texte, lecture et maniement du scalpel. Cette valorisation de la pratique favorise la mise au jour d’une nouvelle visibilité du corps par le soutien de l’image gravée qui se veut au service d’une représentation plus “exacte” , plus explicite que le texte seul. Mais sa scientificité se trouve le plus souvent brouillée par la superposition de plusieurs imaginaires, par la mémoire d’autres images ; pathos, horreur ou esthétisme y court-circuitent la lisibilité d’un geste anatomique pourtant légitimé dans sa valeur épistémologique. Sans doute parce que le geste d’ouvrir le corps, loin d’être anodin, nécessite l’instauration de détours qui en neutralisent la cruauté ou, à défaut, la justifie. Processus de “domestication” qui ne fait qu’accroître le pouvoir de fascination des gravures et donc l’opacité du corps. [...] la littérature de dévotion annule ce risque en méditant sur le corps christique, corps ouvert que la déformation rend précisément visible, et par là même “vraie image” . »
Antoinette Gimaret, dans Les ambiguïtés de l’imaginaire anatomique (XVIe-XVIIe siècles)
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